Mon Papa (suite)
Comme beaucoup d'entre vous me l'on demandé
je vais vous raconter la suite de l'histoire de mon Papa
Enfin ce que j'en sais
car à cette époque il y avait encore une barrière entre les enfants et les adultes
et l'on ne parlait pas devant les enfants.
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Comme je vous l'avais dit après le mariage de sa Maman
et que le mari de sa Maman lui ai donné son nom
Il est venu vivre chez sa Maman, cette dame imposante
qu'il ne connaissait pas -
imposante : elle était très grande pour son époque environ 1,70m.
Cette Maman n'était pas très caressante,
même pas du tout
La vie ne lui avait pas appris à donner des caresses
Elle avait plus appris à donner et recevoir des coups
Puis il a eu une petite soeur
Ensuite je ne sais pas ce qui c'est passé
j'ai ouï dire que des voisins avaient porté plainte car il était mal traité
IL est ramené à l'assistance publique
dans de meilleures conditions car il n'était plus un bâtard
Il faut que vous sachiez qu'à cette époque un bâtard portait la honte dans sa famille
et était considéré comme un pestiféré, et un enfant de satan.
Le revoici dans cette maison de l'assistance publique ou il avait
pratiquement toujours vécu
en quelques sortes c'était sa maison
mais il avait maintenant 7 ans
et à 7 ans les enfants étaient placés chez des personnes
qui avaient besoin de main d'oeuvre gratuite,
Les garçons c'était souvent chez des agriculteurs
Il arrive chez ces personnes pas plus aimables que les soeurs de l'assistance
Levé avec le soleil couché en même temps que le soleil
un petit arrêt à midi pour grignoté un morceau de pain
Un travail très dur, il devait fournir le même travail qu'un homme.
Le soir après le travail un bol de soupe et un morceau de pain
il dormait avec les animaux dans la bergerie.
Bien entendu pas de dimanche,
d'ailleurs il ne savait même pas quand c'était un dimanche.
Le temps passe
Il est adulte, en âge de se débrouiller
donc il sort de la tutelle de l'assistance
et va à Gardanne, une ville à coté de Marseille
ou l'on demandait de la main d'oeuvre pour travailler au fond de la mine
IL est tout de suite embauché
et prend une pension chez une dame qui tenait un bar et louait des chambres
elle s'appelait Mme Bénassaï,
j'ai bien connu cette dame, car plus tard coïncidence,
nous avons habité en face de chez elle.
Inutile de vous dire que l'école il en connaissait tout juste le nom
Il voulait s'instruire, s'élever dans la vie,
donc avec l'argent qu'il gagne il achète quelques livres et étudie
Il décide de passer son certificat d'étude primaire
- chose très importante à l'époque puisqu'il était obligatoire pour certains emplois
notamment pour entrer dans l'administration même pour être éboueur -
et à l'âge de 20 il se présente à l'examen de CEP
qu'il réussit
pendant cette période il fait la rencontre d'une jolie demoiselle.
Mais problème il est de Marseille
et les Marseillais avaient mauvaise réputation
Obligé de se voir en cachette
et dans une petite ville où tout le monde se connaît pas facile.
le temps passe
Et arrive la déclaration de la guerre, son pays avait besoin de lui
Ni une , ni deux il s'engage immédiatement
dans les chasseurs alpins
Malheureusement il fut vite fait prisonnier et envoyé en camp de concentration en Allemagne
et le voila encore enfermé pour la troisième fois
Mais maintenant ce n'est plus un enfant, et il n'accepte pas d'être privé de sa Liberté
Pas question
il s'en évadera.
Le temps passe
Il continue de correspondre avec son amoureuse
Les parents acceptent
Il s'est engagé pour défendre son pays donc ce ne doit pas être un voyou
et puis où il est il ne peut pas faire grand chose.
Le temps passe
1 an.........
Il désire se marier
et par correspondance demande sa main
en précisant que s'il ne revient pas, sa femme percevra une pension de veuve de prisonnier de guerre
Finalement on accepte
Mais les Allemands ne donnent pas de permission
donc il faut envoyer les certificats nécessaires, le consentement de la jeune fille et l'autorisation des parents
Elle n'est pas majeure, elle a 20 ans
Les papiers arrivent tout est O.K
et voila qu'il se marie comme il disait avec un "boche"
puis il envoie l'acte de mariage à sa future
et elle se rend à la mairie avec ses parents
et se marie.
Maintenant elle est Mme F...............
c'est un 26 novembre
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Le temps passe
et puis une occasion, il s'évade avec 2 copains
Ils sont repris et mis au cachot
il ne travaille pas, donc pas de nourriture
Il survit grâce aux prisonniers qui en allant travailler lui jette des morceaux de lard.
Le temps de cachot est terminé
Lorsqu'un prisonnier qui s'évade et repris
on le change de stalag, et on l'envoie toujours dans un camp plus dur
Le voila dans ce nouveau camp ou il se fait vite de nouveaux amis
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Le temps passe
et nouvelle occasion il s'évade avec un copain
Cette fois il arrive en France, à la frontière
Ils vont taper à la porte d'une ferme
Ils sont bien reçus, l'homme va leur chercher de la nourriture
mais en guise de nourriture il revient avec les Allemands
Ils sont repris,
D'un coup de crosse l'Allemand lui casse la mâchoire
Il a la peau dure, il a été à la bonne école, on lui a appris à encaisser les coups
Retour au cachot.
et envoyé dans un camp encore plus dur
en Sibérie cette fois.
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Le temps passe
3 ans qu'il est derrière les barbelés
Les travaux de plus en plus durs
le froid de plus en plus froid
Il a les pieds qui ont gelé - il en souffrira toute sa vie -
Il faisait tellement froid que lorsqu'il urinait
son urine se congelait immédiatement
et formait un arc de glace.
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Le temps passe
Un jour on emmènent les prisonniers
charger des sacs de sucre dans un train
Il remarque que le train va en Suisse
S'il pouvait partir avec,
la Suisse est un pays neutre
La Suisse c'est la liberté
La Suisse c'est revoir son épouse
Mais il y a un risque si on le reprend il est fusillé
c'est la loi.
La loi des nazis à la 3ème évasion on est fusillé
Mais la mort c'est peut être aussi la liberté
et sûrement mieux que ce camp
Les sacs sont chargés, il faut retourner au camp.
Avec un copain il charge les 2 derniers sacs
C'est l'occasion
Ils restent tous les 2 cachés entre les sacs de sucre
Le train s'ébranle et démarre
démarre vers la liberté
démarre vers son épouse
à chaque arrêt dans des gares quelques sacs sont déchargés
par chance ils sont dans le dernier wagon
le wagon sur lequel il est marqué SUISSE
par une fente dans le bois du wagon ils voient des uniformes Allemands
après plusieurs arrêts et redémarrages
les voici dans une dernière gare, mais le train ne redémarre pas
et toujours des uniformes Allemands
les jours passent, ils ont soif
une seule solution pour ne pas mourir
boire son urine
ce qu'ils font
et par la fente toujours les uniformes Allemands
Au bout de quelques jours ils n'urinent plus
Ils vont mourir dans une agonie atroce
mort pour mort autant être fusillé
c'est moins douloureux
ils cognent de toutes les forces qu'il leur reste
enfin on leur ouvre
Il s'évanouit
Il se réveille,
tout est blanc
le lit, les draps, les murs,
un ange tout blanc s'approche de lui
c'est le ciel, il est sur un nuage,
NON il est bien vivant et dans un hôpital Suisse
l'ange blanc est une infirmière
il ne comprend plus
Les uniformes Suisses ressemblent beaucoup aux uniformes Allemands
Ils demandent à être rapatrié chez son épouse.
Impossible l'Administration Suisse doit faire une enquête
pour savoir s'il n'a pas tué pour s'évader
Par chance ils n'en ont pas eu besoin.
et puis il est trop faible,
peu à peu on le nourrit par petites quantités
car si on lui donne trop vite à manger après toutes ces années de privations il risque de mourir
La croix rouge fait savoir à sa famille qu'il est en Suisse
C'est le Maire qui vient annoncer la nouvelle
Et enfin il est rapatrié chez lui
Ma Mère m'a dit que lorsqu'il est arrivé
il pesait 40 kg et avait au moins 5 kg de poux sur lui.
Il est envoyé dans un camp militaire à la montagne
pour le retaper, car à la maison il n'y avait pas grand chose à manger
C'était la guerre.
Le temps passe
Il revient un peu grossi ou plutôt un peu moins maigre
et pour continuer à défendre son pays
il rejoint le maquis et les FFI.
Et je nais
Puis c'est la libération
à Gardanne c'est le 16 Août
Le 16 août est toujours férié à Gardanne
A partir de ce jour là
Il a nagé dans le bonheur
il avait une épouse, une maison, un foyer et surtout la LIBERTÉ
Il a travaillé toute sa vie comme un forcené pour que SA famille ait tout ce qu'il n'avait pas eu
Malheureusement il a toujours été malade du aux séquelles de ces satanés camps.
Le temps passe
J'ai environ 7 ans
Nous sommes venus à Marseille faire des courses.
Je suis avec ma Mère et ma Mémé à l'arrêt des cars pour rentrer chez nous
Elles chuchotent toutes les deux
et ma Mémé me dit
"tu vois les 2 dames, tu vas les voir et tu demandes à la plus âgée si elle n'est pas ta grand mère"
Je ne savais pas qu'on pouvait avoir 2 grands mères
Et bien oui c'était la Maman et la soeur de mon Papa
à partir de ce jour nous nous sommes côtoyées
J'ai beaucoup aimé cette tante qui m'a énormément gâtée
Ma grand mère était ma grand mère c'est tout
car ma Mémé c'était celle que j'ai toujours eue.
Le temps passe
Mon Papa est décédé le jour de Pâques
à son enterrement il y avait une file de personnes d'environ 1 km
chaque fois que nous passions devant un magasin les lumières s'éteignaient en signe de respect.
Il était très aimé
toute sa vie a été consacrée à faire le bien autour de lui.
Il n'a jamais pu me raconter sa vie en Allemagne
La seule chose qu'il m'ait dite c'est :
"Ce qui etait plus dur que les coups et les privations c'était l'humiliation et d'être obligé de baisser les yeux"
Mon billet est très long, je sais
C'est vous qui me l'avez réclamé !
et je ne pouvais pas ne pas aller jusqu'à la fin.
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P.S : toutes les photos ont été prises sur le net.
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Voila c'est un bout de mes racines auxquelles je suis très attachée.